Virus de la variole du singe et grossesse

Rédigé le 09/06/2022

La variole du singe « monkeypox » (orthopoxvirus/poxviridae) est apparentée à la variole.

En mai 2022, des cas sans notion de voyage ni de contact avec des voyageurs en provenance de pays à risque ont été identifiés, rendant essentielle la vigilance des soignants de première ligne.

Les foyers épidémiques habituels se situent en Afrique, avec une transmission par contact avec des animaux infectés, ou en transmission interhumaine par voies contact, gouttelettes, sexuelle, materno-foetale.

Repérer et établir un diagnostic clinique
Patient suspect = Tableau clinique ET Expositions compatibles => un repérage précoce permet de mieux protéger l’entourage
Signes d’appel – Incubation habituelle de 7 à 14 jours [min 5 j – max 21 jours]
Tableau clinique, 2 phases de l’infection :

  • Phase initiale, prodromique non spécifique : fièvre >38°C, frissons, polyadénopathies cervicales et inguinales en particulier, myalgies, asthénie.
  • Phase d’éruption, 1 à 3 jours après début de la fièvre, en une seule poussée : macules, puis papules, vésicules, pustules, croûtes, sur le visage puis sur l’ensemble du corps incluant paumes et plantes.

Exposition habituelle : Retour d’Afrique (Nigeria, bassin du Congo, RDC), contact avec des animaux (rongeurs, singes), consommation de viande de brousse, contact avec patient infecté (lésions cutanées, affaires personnelles – intrafamilial, rapport sexuel).

Cas européens autochtones depuis mai 2022 semblant liés à des transmissions sexuelles. 

Diagnostic différentiel : herpes virus (notamment varicelle mais lésions d’âge différents épargnant paumes et plantes), rougeole, variole (pas d’adénopathies), infections bactériennes cutanées, syphilis, gale, allergies

Protéger (ville / établissement de santé / transport sanitaire)
Dès la suspicion – transmission interhumaine directe et indirecte, respiratoire et contact
Patient contagieux du début des symptômes jusqu’à guérison complète des lésions cutanées => ISOLEMENT
Patient : masque chirurgical + hygiène des mains + couvrir les lésions cutanées.
Soignant, protégé des formes graves si antécédent de vaccination variole : précautions AIR + CONTACT =>
SHA, masque FFP2 ajusté – Fit check, lunettes, gants si contact avec lésions. Protection de la tenue avec surblouse, et en cas de contact rapproché de type toilette : tablier ou de préférence surblouse étanche, couvrante.
Traitement des surfaces : désinfectant norme 14476 (ANSM) ► Déchets de soins : filière DASRI
Identification précoce des personnes contact à risque : avec ARS pour contacts communautaires, équipes d’hygiène et santé au travail pour contacts en milieu de soins. Discuter vaccination dans les 4j après le contact à risque, au maximum 14j plus tard selon recommandations HAS (balance bénéfice-risque individuelle à évaluer).

Prendre en charge – diagnostic biologique
Recherche de signes de gravité : létalité peu documentée (jusqu’à 10% des cas). Les complications peuvent être : éruption majeure (plus de 100 vésicules), formes digestives, ORL avec compressions locales, atteinte cornéenne, signes encéphalitiques, sepsis, surinfection, pneumopathie. Ces formes-là nécessitent une hospitalisation en ESR, voire en CHU si conditions requises (cf avis HCSP).
Populations plus à risque de formes graves : immunodéprimés, grossesse car transmission materno-foetale / périnatale possible avec formes graves du nouveau-né, attention particulière pour les enfants (forme plus sévère).
Population possiblement partiellement protégée : vaccinés variole (nés < 1977).
Diagnostic par test PCR => Prélèvement de lésion, de préférence en ESR, sinon ES de proximité, sinon laboratoire de ville : croûtes, écouvillon sec en frottant plusieurs vésicules, voire biopsie, puis milieu de transport + naso-pharyngé si poussée éruptive dans la bouche ou la gorge. Acheminement triple emballage vers laboratoire L3 pour diagnostic en ESR (ou autre établissement de santé désigné par l’ARS), CNR ou CIBU.
Traitement du patient : symptomatique (paracétamol, antihistaminiques), traitement spécifique au cas par cas selon expertise : tecovirimat SIGA, brincidofovir, cidofovir, immunoglobulines (cf avis HCSP).
Alerte : ARS – Maladie à déclaration obligatoire (MDO).

Veille scientifique réalisée par l’ANRS : Maladies infectieuses émergentes :
https://bit.ly/3FZZ6NH

Infection au Monkeypox virus :repérer et prendre en charge un patient en France :

https://www.coreb.infectiologie.com/UserFiles/File/procedures/20220525-fichemonkeypox-vf.pdf
https://www.coreb.infectiologie.com/fr/monkeypox.html

Monkeypox : vacciner les adultes et professionnels de santé après une exposition à la maladie
https://www.has-sante.fr/jcms/p_3340419/fr/monkeypox-vacciner-les-adultes-et-professionnels-de-sante-apres-une-exposition-a-la-maladie